Ça faisait longtemps ! « Seppi », tes frasques plus ou moins cachées m’avaient manqué.
La semaine dernière, la fédération internationale de football que tu diriges depuis 1998, a été mise en cause par les méchants cow-boys venus de l’Ouest. Ils ont même osé venir directement sur tes terres, en lançant leurs lassos autour de sept de tes sous-fifres, gentillement réunis dans une auberge de luxe pour te réélire une cinquième fois, seulement. Soupçonnés de corruption, et plus précisément, d’avoir récolté 150 millions de dollars en pots-de-vin depuis 15 ans en échange de droits télé ou de marketing, tes fidèles lieutenants sont de sacrés négociateurs. Et ta garde rapprochée, j’ai nommé le dircom’ Walter de Gregorio, a assuré que, non, non tu n’étais « pas impliqué » dans les combines des sept voleurs. Seppi, bien sûr, c’est toi Ali Baba. « Sésame, ouvre toi » ! Le gentil à la FIFA c’est toi !
Euh…j’arrête le calumet de la paix. Je dégaine mon colt plus rapidement que Lucky Luke et j’envoie les balles plus vite que Roger Federer. Joseph Blatter, préparez vos oreilles, ça va siffler !
Un Suisse, la Suisse, les p’tites fleurs, les montagnes, la belle image de façade.
Né à Viège il y a 79 ans et dirigeant une organisation ayant son siège à Zurich, on peut dire que vous incarnez, M. Blatter, un symbole de la confédération helvétique. Là où poussent les edelweiss, où s’arrêtent les voitures 200 mètres avant en vous voyant à un passage piéton, où – d’un simple regard -, on vous donne l’impression que vous allez être mis en prison pour avoir cueilli une pâquerette dans un Rosengarten [ça rappellera des souvenirs à certain(e)s…]. Mais là aussi où règnent les secrets fiscaux (plus pour très longtemps oui bon, certes) et sportifs donc.
Combien de fois, avez-vous été soupçonné M. Le Président ? On ne compte plus les scandales sous votre ère où vous avez réussi à être dédouané à chaque fois. Blanc comme neige soit disant, faute de preuves, d’incompétence judiciaire ou de retrait soudain de vos adversaires. L’affaire ISL en 2001, 10 ans plus tard, le cas Bin Hammam, et maintenant, l’attribution de la coupe du Monde au Qatar pour 2022. On continue la liste ?
Bien sûr, pour échapper aux tirs de la justice, cela demande un sens aiguisé de la magouille et, pour rester sur le trône, un sacré comportement où la morale est rejetée dans les cercles de l’enfer.
Sepp, l’as de la gâchette
Le Président de la FIFA est connu pour ses sorties verbales désopilantes. Trouver une proximité entre le Qatar et Daech puis nier l’esclavagisme dans le pays ou encore encourager les joueuses à porter des shorts moulants pour promouvoir le foot féminin, Sepp, c’est celui qui va toujours plus loin dans les déclarations chocs.
Outre ses propos fracassants, M. Blatter, c’est celui qui n’a pas peur de prendre des gants pour écarter les gens gênants sur son chemin. Pour The Guardian, c’est « un dictateur », l’ancien attaquant brésilien Romario lui donne le doux surnom de « son of a bitch ». Même le sérieux journal suisse Le Temps estime qu’il fait honte à son pays. Et ce n’est pas certains de ses anciens collaborateurs qui redoreront le portrait de Blatter. Selon un ancien cadre de la FIFA, « quand les hommes autour de lui deviennent trop forts, il les élimine, il les tue ».* Voilà qui est dit !
Malgré les « affaires », vous continuez d’imposer votre suprématie, et d’une certaine manière, d’appliquer une politique de la terreur en évinçant vos concurrents. Voilà qui vous fait un point commun avec un certain Vladimir, qui a d’ailleurs pris votre défense en dénonçant l’ingérence de la justice américaine dans la popote de la fédération internationale. Tiens, tiens, mais au fait, n’y aurait-il pas une coupe de monde de foot prévue en Russie dans trois ans… ? Tout cela prend un tournant politique alors qu’il y a déjà bien assez de conflits entre les grandes puissances mondiales.
Seppi, tu fous le bordel encore une fois. Seppi, encore une fois tu as menti alors que tu avais juré ne pas vouloir briguer un 5e mandat. Seppi, mon petit, tôt ou tard, tes agissements ne resteront pas impunis. Les secrets finissent un jour ou l’autre par être bannis. Et qui sait, peut-être que, comme dans le cadre bancaire, c’est ton pays qui te mettra au tapis.
Audrey
[* propos repris dans L’Express et Libération]